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Pamela Nigri, une peintre habitée par les eaux

 

L’œuvre de Pamela n’est pas sans évoquer la ville qui jouxte sa ville natale, Venise.

Ses toiles concentrent l’énergie et le puissant mouvement des marées.

La pâte, assez épaisse, semble constituée de ces matériaux composites qui tapissent les grands fonds.

Les couleurs sont complexes , enchevêtrées, jouant de tons émeraude blanchâtre, gris argent, mordorés. 

Elles condensent le mystère de la Sérénissime qui tour à tour couvrent la lagune d’or et de lumière ou deviennent sombres, glauques et inquiétants.

L’œil est attiré par des mouvements multiples où il croit voir apparaître des formes fabuleuses tandis que l’imagination glisse dans la fantasmagorie. L’utilisation des pigments naturels offre des jeux de nuances infinis et éclaire l’ensemble d’une lumière intérieure.

 

Nicole Cortesi Groux (2016)

Si l’art représente la transformation de la sensation en perception visuelle, l’œuvre de Pamela Nigri symbolise l’éther des pensées qui se solidifie sur la toile, le chaos de l’âme qui se transforme en pigment chromatique. L’observation de ses œuvres apaise les esprits, et en même temps, renforce les contrastes. Notre regard erre, incapable de trouver un point d’équilibre. Ainsi, sur ses toiles se révèle la rencontre entre l’idée et sa matérialité. La toile devient le lieu dans lequel les énergies du monde s’affrontent pour fusionner.

Elle évoque l’origine du monde.

L’observation de ses œuvres représente un véritable processus cathartique qui nous amène à la découverte  des éléments archétypes : l’air, l’eau, la terre et le feu. Ici, leur représentation suit un dessin purement émotionnel, qui dans les premières toiles est dominé par les éléments spirituels, tels que l’air et l’eau. C’est le calme apparent, la tension créée par la rencontre des flots avec le ciel.

L’éternel s’enfuir pour se retrouver, s’éclater pour se recomposer.

Nous retrouvons là une représentation de la réalité qui reste insaisissable : c’est la fragilité de la pensée qui se fait porteuse de perceptions ancestrales et de sensations nouvelles. Et c’est de cette instabilité que la terre surgit pour disparaître à nouveau. Elle est submergée par les flots et érodée par les vents. Pourtant elle résiste, en se transformant, en émergeant ailleurs, en se cramponnant au néant, et elle finit par se fondre aux autres éléments, surmonter l’espace spirituel et ainsi créer une nouvelle matérialité où la terre appartient désormais à l’espace. Et de cette terre finalement jaillit son sang : le feu.

Les frontières sont alors anéanties et tous les éléments se retrouvent dans le même univers. Il n y a plus de différence entre l’esprit et la chair. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Et c’est une transformation perpétuelle. C’est l’explosion des contradictions chromatiques qui fusionnent les unes dans les autres. C’est l’image qui, en se dilatant à l’infini, se retrouve éphémère, presque personnelle, comme si elle nous sollicitait directement. C’est le chaos des forces qui atteint son acmé. C’est la fin d’une étoile qui donne origine à une nébuleuse, dont les fractions sont porteuses d’une nouvelle existence.

Les couleurs sont maintenant retournées dans leur limbe en attente d’une nouvelle explosion. C’est l’univers, qui comme l’esprit, se régénère continuellement en découvrant les infinies possibilités du monde qui le contient.

 

Giancarlo Rizza, Physicien Chercheur   (2006) 

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